Combien de personnes ont commencé la slackline avec en tête de goûter au caviar de l’équilibre, perché en hauteur avec le vide sous ses pieds ? Profiter d’un cadre magnifique même si durant la traversée les images s’effacent pour laisser tout l’espace aux sensations.
« Marches, ne tombes pas. »
Sourire en voyant les photos de soi sur le fil, dans un état second et qui se rapproche pour moi de quelques chose de primaire, non loin de l’instinct de survie. Je n’ai pas commencé à slacker avec cet objectif mais quand j’ai découvert des vidéos de highline j’ai pensé… Putain je n’ai jamais rien fait de semblable… Est-ce que j’en serais capable?… Je suis allé me casser les dents sur deux highlines. C’est bien mignon de partir seul tester les installations des autres mais il y a un moment où il faut savoir partager.
Alors hier, je débarque à la passerelle de la Feyssine avec 20kg de sangles, corde, mousquifs et ancrage sur le dos et je commence le fastidieux montage de ce que je serais bien tenté d’appeler ma highline. Ouais franchement j’en ai chié. Sur le catalogue des erreurs il y a des grands classiques :
Oublié de passer les huits avant de refermer le système, montage primitiv’ qui se défait en le montant dans l’arbre, élingues qui se mettent de travers au moment de serrer… Quelques petits regrets aussi : ma corde statique est trop fine pour être retenue par le grigri. Je le substitue par une poulie traxion en sachant que de 4 à 6,6kN la gaine ne tient pas le choc. Donc PAS BIEN, et à ne pas refaire, je vais me trouver un autobloquant meilleur que celui là.
Evidemment j’aurais été un peu plus nombreux ça aurait facilité les choses. Mais bon, la cuite de la veille a été violente pour tout le monde (hein Greg ;)
J’ai cliqueté le primitiv’ depuis mon arbre, envoyé un rappel en mode GIGN sur une corde passée sur la slack pour vérifier la solidité. Un petit plomb bras tendu pour se rassurer (celui qui a dit chochotte, ben… attends voir que je progresse enflure !) et c’est parti. Deux petits vols plus tard ça passe aller-retour. Heureux ! E-R-E ! Ce que j’aime les premières fois ! Je laisse la place aux amis. Damien, ancien skateur, en connait un rayon sur les chutes, ça lui fait pas peur ! Le côté « high » lui fait quand même son petit effet. D’un côté ça me rassure: il ne suffit pas d’être un guerrier dans l’âme pour traverser, il faut vraiment réapprendre à marcher. Je me rends compte que sur cette ligne je profite réellement de mon expérience de Millau et de St-Laurent-d’Aigouze. Il faut dire qu’elle est parfaite pour commencer, courte, pas trop haute et le sol surélevé du côté des ancrages diminue la sensation de gaz
Six ou sept plombs plus tard (il fait pas d’omelette sans casser d’œufs le bougre !) on sent qu’il a chopé le truc, le virus. Mais il a grillé pas mal de cartouche en remontant au leash et Jess veux aussi son baptême du gaz. Et oui, depuis la passerelle ça parait pas grand-chose, mais les deux pieds sur le départ ça semble être de la folie furieuse ! L’apprentissage, que dis-je, le parcours initiatique de Jess doit commencer par la chute et ça fait pas plaisir. Encore une activité de maso la highline, parce qu’on a beau détester tomber, et savoir que ça va arriver encore et encore, l’envie de marcher est toujours la plus forte. La dernière tentative est celle de Guillaume, et elle relève de l’héroïsme. Imaginez notre Guillaume qui n’a pas plus deux ou trois sessions à son actif, mort de trouille devant la slack depuis dix minutes, partir comme une balle, faire quatre pas et voler ! Ca relève de la charge de viking. Je lui donnerais le Valhalla sans concession.
Au démontage grosse frayeur : après avoir fait sauter deux crans du primitiv’, rien ne bouge. On a beau tirer comme des mules dans tous les sens rien n’y fait. La banana s’est retournée et bloque la détente. Un moment je crois devoir couper la sangle et finalement… en tirant/poussant sur la dernière boucle du primitiv plutôt que l’extrémité sortant de la banana ça passe. Ouais c’était logique en fait. Dernière bonne surprise : la police municipale arrive alors que je suis perché dans un arbre à m’acharner sur le mouflage, nous voit, et passe sans s’arrêter. Super bueno ! Cerise sur le banana split, en choisissant d’autres arbres on peut augmenter sans peine la longueur de la slack.
Gros gros merci à tous ceux qui sont venu pour nous soutenir dans ces moments de terreur intense. Et merci à Hélène qui a pris les super photos que vous voyez sur cette page. Allez visiter sa page facebook : Helene’s photography.